Déverser la vie

L'humanité se préoccupe de plus en plus de la vie et l'oriente malgré elle. Il s'agit de manier cette focalisation et d'orienter le déversement de la vie (essentiellement la vie spirituelle d'où tout découle) de manière méthodique et détachée. Les conditions requises sont là et aisées à mettre en œuvre.

Introduction

L'humanité élimine les parasites depuis longtemps, Pasteur a permis d'éradiquer nombre de microbes ou bactéries. L'usage excessif des antibiotiques pour engraisser les veaux ou de pesticides - toxiques pour ceux qui les répandent – est courant. L'humanité essaie de mettre fin à la vie, parfois dans des guerres, des génocides ou de manière industrielle; à l'inverse, l'humanité promeut la vie, lors des catastrophes où l'entraide est manifeste, elle stimule la recherche musicale, informatique, génétique ou des énergies renouvelables.
Depuis quelques années, des penseurs placent la vie au centre de leur préoccupation, ainsi Patocka (un philosophe tchèque mort pendant la période soviétique) ou Renaud Barbaras actuellement à Paris 1 réfléchissent sur la vie. Francis Bailly et Guiseppe Longo cherchent les lois universelles de la vie. La vie émerge donc dans la pensée humaine.
Alice Bailey a indiqué que la vie serait plus abondante avec l'arrivée d'un nouvel enseignement, et nous pouvons commencer à approcher ce déversement.

1/ Voir la vie à l'œuvre

La première étape pour apprécier la vie est probablement de noter à quel point les choses autour de nous sont vivantes. Toute chose semble suivre un rythme, les biorythmes ont été mis en évidence pour l'être humain, mais aussi pour les mammifères, les plantes, les atomes vibrent, il semble exister une grande loi de périodicité ...
À un niveau plus quotidien, nous pouvons noter que les objets ont une durée de vie limitée, beaucoup d'objets sont jetables, un immeuble est construit pour 30 ou 50 ans. Le recyclage ou renouvellement fait partie de notre existence ...
La vie se manifeste par les cycles mais aussi par la multiplication des relations imbriquées, qui nous montrent que le monde change chaque jour.

LIre dans une tasse de café
Imaginons prendre une tasse de café le matin. Combien de personnes ont préparé cet acte ? Les producteurs, les transporteurs, ceux qui l'ont torréfié, empaqueté puis apporté au point de vente; avec ceux qui ont passé les commandes, effectué la gestion, on dépasse les 200 personnes pour atteindre les 2000; si l'on prend en compte toute l'activité de support, médical, dentistes, éducateurs, police, ceux qui ont construit les bateaux, les camions, les routes, la radio et internet, le fuel pour le transport, les machines, on arrive plus aisément à 20 000 personnes. Voilà ce que nous pouvons lire dans une tasse de café.

2/ La vie en soi

"L'énergie suit la pensée", beaucoup d'entre nous ont été entraînés à exercer leur attention, depuis l'école, sur un sujet pour favoriser la création. Cette at-tension signifie tension d'être, tournée vers le monde. Etre peut être considéré comme le lien entre l'Origine de l'instrument et son jeu : la tension d'être décrit la proximité de l'Origine à la manifestation.

Being

L'at-tension vient en un second temps comme jeu de l'instrument dans le champ d'expérience. Dans ce champ apparaissent différentes directions et l'attention se focalise en une direction.

Pour distribuer la vie, le pas suivant est de percevoir la direction et toute l'ampleur de la situation. Pour créer, nous devons discerner les éléments du contexte, les moyens et les buts puis, par un retour à soi, l'intelligence reprend les choses et les présente sous un nouveau jour. Le pas à franchir est donc de reconnaître la pulsation "soi – le monde", ...

Cette pulsation "soi – le monde" passe par un retour à soi, non pas comme une sphère délimitée où l'individu s'opposerait au monde (en une rotation), mais un lien avec le centre qui s'étend et se contracte, le Soi est le Même - Esprit, mais non un contenu. Comment parvenir à cette pulsation ? En deux étapes.

1/ Tout d'abord en reconnaissant le mouvement en spirale, ce fut l'œuvre de Husserl, de Merleau-Ponty d'avoir mis en évidence la perception : l'attention en suspens avant que ne se définissent des objets. L'identité est alors ouverture en spirale, qui s'ouvre puis reprend à soi une intériorité en se déployant. "Je suis rapport au monde", ouverture donc ouverture à l'autre : je me reconnais dans ces unités qui s'ouvrent dans la même vibration avec les mêmes valeurs. Ainsi naît le groupe, de cette ouverture essentielle.

2/ Me reconnaissant dans le groupe, un en essence avec mes semblables, je peux alors me tourner vers le centre. Le moyen le plus simple est de visualiser un point noir au centre du disque blanc. Ce point sombre apparaît au centre de la conscience illuminée. La Doctrine Secrète fait mention de ce symbole sans jamais le représenter.

disque

De ce point jaillit un courant qui descend verticalement, qui s'impose, on peut l'appeler le courant descendant de l'incarnation ou plus techniquement courant triadique.
Martin Muller propose un exercice à ce sujet :

Espace vide, libre de tout objet.
Rayonner au maximum, puis rayonner cent fois plus fort.
Espace galactique s'incarne en espace solaire, face à la planète
(Un courant surgit en face de la poitrine)
Espace solaire, s'incarne en être planétaire, grand cristal vertical.
Prendre place en ce cristal pur
Pressentir le rayonnement solaire et en fond le souffle galactique
Accueillir la Terre et son existence

Intellectuellement, certains auteurs (Guy Deniau) ont mentionné que toute perception s'inscrit sur un fond primordial, que l'on peut nommer la présence; ce fond conditionne toute relation. C'est sur ce fond vibrant et palpitant que se perçoit la vérité, et c'est dans cette pulsation que l'on peut distribuer la vie.

3/ Œuvrer avec des collectifs

La conscience nous permet de prendre contact avec des objets en situation, le courant qui passe à travers la conscience est impersonnel, général, abstrait; ce courant s'adresse à des types de situation, à des courants de pensée, des valeurs, des collectifs. Ce peut être l'égocentrisme, l'avidité, ou en positif, la vérité, l'humain ; et c'est l'humain, l'être empli d'humanité, que nous voudrions fortifier ici.

Les Feuilles du Jardin de Morya tome 2 §153 rapporte les paroles du Christ :
"En vérité, par des pieds humains; en vérité, par des mains humaines." ...

4 directions ont vu leur signification traditionnelle attaquée et submergée, sinon détruite; cette usure permet qu'un sens nouveau apparaisse, loin des formes usées.

  1. Le sens de la vie n'est plus accepté comme un donné, révélé par les religions; l'intellect, si proéminent en France, a questionné très tôt ces réponses mais voile aussi la question.
  2. La relation à l'autre est soulignée par la vague de communication ou de réseaux sociaux. Beaucoup de jeunes adultes vivent grâce à leurs blogs, leurs textos, "je vis car je suis avec les autres". Cet excès momentané renvoie à la solitude et au for intérieur : qui suis-je en fait ? Cet excès pourrait s'appeler la maladie infantile du Verseau, signe de communication.
  3. L'activité créatrice est la caractéristique (parfois peu apparente) de l'humanité, elle alimente le jeu de l'apparence toujours nouvelle, mais c'est la vie en rotation, en tourbillon qui nous entraîne. C'est aussi cette création qui fait notre fierté et rend une journée digne d'être vécue. S'il n'y avait que répétition ou processus, nous deviendrions des automates. C'est ce don de soi qui nous fait travailler, comme l'a repéré Norbert Alter. On arrête souvent l'économie à la production, mais les produits sont superflus s'ils restent inutilisés, d'où l'importance de les resituer dans leur usage, comme la tasse de café.
  4. La direction collective. Les médias nous divertissent en attirant l'attention sur des détails. L'ouvrage Six Milliards d'autres (Yann Arthus–Bertrand) rappelle à quel point les humains sont proches en conscience les uns des autres. Cette conscience (2ème aspect) se heurte au poids de l'économie (3ème aspect), le 1er aspect (organes et décisions politiques) est le dernier à apparaître. D'où le retard constaté, mais le réveil arabe de 2011 nous rappelle qu'il est toujours vivant et nous pouvons, nous aussi, faire vivre ces 4 directions, en les stimulant, en déversant le courant spirituel.

 

Quelles sont les conditions pour prendre part au déversement de la vie ?

  1. La première condition peut s'énoncer la pensée ouverte et créatrice. Il s'agit de voir les choses de manière large, d'admettre d'autres voies que celles que nous connaissons et d'utiliser la pensée avec toute notre intelligence, donc de voir les choses d'un œil neuf.
  2. La deuxième condition est d'aimer le monde, non de façon abstraite, mais chaque parcelle, telle qu'elle est essentiellement et non selon son apparence. Même les mauvaises herbes ont leur utilité, ce n'est pas un monde idéal, mais le monde où nous sommes, où nous discernons des lignes de force, magnétiques. L'Amour rend magnétique.
  3. La persévérance est la troisième condition. Nous vivons sur un continent marqué par des siècles de guerre, de famines et d'épidémies, La "vieille Europe " nous apprend aussi que les choses se font petit à petit, par maturation, et non par un coup de tête qui masquerait un désir erroné. Déverser la vie ne se fait que selon un dessein longuement mûri, remis en cause, corrigé.
  4. La quatrième condition est le courage d'aller vers le centre de l'être. Ce centre est désert, vide et semble austère. Un poème de Nicolas Roerich décrit ce vide apparent : les passants croient que la chambre du trésor (dans la poitrine) est vide, mais son Gardien répond au passant "Pour toi, elle est vide". C'est ce courant qui nous fait entrer dans le point noir au centre de la conscience illuminée et qui fonde l'unité de base : la reconnaissance du Soi intérieur, l'ouverture au monde qu'est la conscience. ...

LE GARDIEN DU SEUIL

"Gardien, dis-moi pourquoi
Fermes-tu cette porte ?
Que gardes-tu inlassablement ?"
"Je garde
Le secret de la quiétude"
"Mais la quiétude est vide.
Des gens dignes de confiance
L'ont dit : 'Il n'y a rien'."
"Je connais le secret de la quiétude
Et j'ai pour mission de le garder"
"Mais la quiétude est vide !"
"Pour toi, elle est vide !" répondit le gardien du seuil.

Conclusion

La vie se déverse à partir de notre étoile à travers le schéma terrestre. Aussi, depuis des temps immémoriaux, le soleil est représenté par un point au centre d'un cercle; ceci peut marquer le sommet de notre inspiration, le Soi Esprit, au fond de toute manifestation. De ce centre pulse la vie, qui passe par le cercle de la conscience pure qui est amour, qui s'incarne dans le carré intérieur, et ce carré dans ce cercle soutient le grand carré du centre créateur qu'est l'être humain dans son ensemble. Ceci dessine un schéma qui ressemble au sceau de Shambhala diffusé sur l'ouvrage d'Andrew Tomas. Shambhala : le Lieu de Paix majestueuse, le Centre Vivant qui sous-tend tout existence sur notre planète, le Sommet de la volonté d'être nous attend, nous invite ; nous pouvons approcher et prendre part.

Carrés cercles

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Références

Alter, Norbert, Donner et prendre, La découverte, 2010
Arthus –Bertrand Yann, Six milliards d'autres, Ed La Martinière 2009
Bailey, Rayons et Initiations page 318, éditions Lucis Trust
         Astrologie ésotérique, éditions Lucis Trust
Bailly & Longo, Mathématiques et sciences de la nature, Hermann, 2005
Deniau Guy, Qu'est-ce que comprendre, Vrin 08
Muller Martin, Introduction à l'ontologie, 1974
Pato?ka in Barbaras, Vie et intentionnalité, Vrin 2002
Roerich, Les Feuiiles du Jardin de Morya tome 2, Ed Agni Yoga, 1925
Roerich, Hiéroglyphes, téléchargeable sur www.agni-yoga.com
Tomas Andrew, Shambhala, Oasis de lumière, Editions Robert Laffont, 1976